« Rien d’impossible », ce pourrait être le credo de Pinceaux Curieux. Mais c’est surtout l’exposition événement de Ben au Château de Mme de Graffigny à Villers les Nancy. Le 26 juillet dernier j’ai eu le plaisir de m’y rendre : retour d’impressions…
Ben, tout le monde connaît sans vraiment savoir qui il est. Ben c’est l’artiste des mots, des maximes, des citations. Ses phrases manuscrites sont reconnaissables entre toutes. Vous les avez certainement vu sur des agenda, des trousses, des tapis, des toiles que sais je encore. Il est passé dans l’inconscient collectif. Pourtant, il n’est pas que ça. C’est un artiste qui nous interroge sur le monde, sur nous êtres humains. Peintre, photographe, cinéaste, poète, collectionneur, pour Ben chaque objet est art. C’est un artiste qui parle et qui touche mes cordes sensibles.
Sa boutique à Nice est devenue une galerie hétéroclite où le visiteur est acteur de l’installation. Ben l’interroge, le fait réagir, lui propose de réfléchir et de partager sa pensée avec lui.
Ben est aussi un artiste plein d’humour, ses œuvres sont souvent à lire sur plusieurs niveaux. Allez faire un tour sur son site, vous ne serez pas déçu !
Fluxus : un groupe artistique à part.
Crée en 1964, il regroupe divers artistes internationaux qui ont une conception particulière de l’art. Fluxus n’a été possible que grâce au mouvement Dada, à Marcel Duchamp et à John Cage.
Fluxus c’est le non art, l’anti conformisme, il interroge le statut de l’œuvre d’art dans notre société, du rôle l’artiste. La dérision et l’humour est au cœur des créations fluxus.
L’art de Ben peut déstabiliser. J’ai entendu des phrases comme « c’est spécial », « mais pourquoi ? », « à quoi ça sert ? ». Je comprends que pour certaines personnes l’art c’est « sacré », ce doit être comme ci ou comme ça. On nous enseigne depuis fort longtemps que l’art suit certains codes. Que ce doit être beau. Ne dit on pas Beaux-Arts ? Pourtant, l’histoire de l’art est jalonné d’artistes rebelles, allant contre le classicisme, avant eux même de devenir des classiques. (Par exemple les impressionnistes pour ne citer qu’eux). Ben nous dit l’air de rien : arrêter de vous prendre le chou ! Et ça j’aime.
Ben rencontre Mme de Graffigny
L’exposition « Rien d’impossible » est un évènement, je ne voulais pas la manquer pour plusieurs raisons.
La première pour redécouvrir les œuvres de Ben Vautier (en vrai) dont j’avais eu un aperçu au Centre Pompidou il y a quelques années. Son magasin de Nice – remonté tel quel à Pompidou- m’avait fortement interrogé. Qu’est ce que cela veut dire ? Je crois que c’est à partir de cette rencontre que j’ai eu le déclic de ne pas chercher à comprendre les œuvres, mais juste à les vivre en pleine conscience.
La seconde raison est de nature plus curieuse. Je me demandais comment les œuvres très contemporaines de Ben se marieraient avec le classicisme du lieu. De plus, j’avais eu l’occasion de visiter des expos au sein de la Galerie de Mme de Graffigny, mais jamais dans le château. Et bien ça matche, Ben a su créer un véritable dialogue avec Françoise de Graffigny. Je me dis qu’elle aurait franchement aimé cette expo !
Dans la partie galerie (sous sol), le visiteur découvre des toiles qui l’amène à s’interroger, Ben l’interpelle directement en lui proposant de répondre à des questions, à partager son point de vue. Il nous propose également une réflexion sur l’avenir de notre monde, sur notre rôle.
La partie « château » je l’attendais avec impatience, et là j’ai beaucoup rit. De l’humour « benesque » dans toute sa splendeur ! On ne sait plus où donner de la tête tellement il y a des clins d’oeil partout ! Ben joue avec le lieu, la chambre de Mme de Graffigny est une déclaration d’amour à la liberté de sa propriétaire, qui rappelons le est la première femme écrivain à vivre de sa plume en toute indépendance.
La série « l’art du pauvre » m’a franchement fait sourire et la salle des mariages éclater de rire. Je ne vous en dit pas plus, je vous laisse découvrir, mais c’est une expo qui fait un bien fou !
Et la dernière raison : passer le cap des 50 ans en très bonne compagnie 🙂
A voir jusqu’au 20 août 2023
